Partage d'expérience : Mélisse, en stage au Japon !
Mélisse Delaite, en 3e année de formation en architecture intérieure sur le campus de CREAD Lyon revient avec nous sur son expérience qu'elle est en train de vivre à Sapporo, au Japon. Originaire du pays, elle y revient quelques années plus tard pour s'exercer en tant que futur professionnelle.
Où as-tu effectué ton stage ? Comment as-tu décroché cette opportunité ?
J’ai réalisé mon stage chez Suzuki Makoto Atelier, à Sapporo, au Japon. Suzuki Makoto a construit un ensemble de bâtiments qui regroupe son lieu d'habitation et son atelier d'architecture. M. Suzuki travaille en tant qu'architecte indépendant avec deux associées. Lors de mon stage j'étais accompagnée de l'une d'entre elles : Yakuwa Momoka, architecte depuis 2 ans dans l'agence.
J’ai décroché cette opportunité lors de mon voyage au Japon l’été dernier pour rendre visite à ma famille. Le mari d’une amie de ma mère est architecte. J’ai discuté avec lui de mes études et de l’école. Sa femme a alors lancé le sujet de “pourquoi tu ne ferais pas ton stage ici, au Japon, l’année prochaine ?”. Au début j’étais assez hésitante mais je me suis dit que ça pourrait être une belle opportunité.
Pourquoi avoir choisi de faire ton stage de 3e année au Japon ?
Étant d’origine japonaise, j’ai remarqué que, dans mes projets, on retrouvait toujours des codes typiques de l’architecture japonaise. J’ai vécu quelques années dans le pays et j’ai beaucoup de souvenirs de la maison traditionnelle où habite mon grand-père et des temples que je visitais. Naturellement, j’intégrais donc certains éléments dans mes projets.
Le bois est un matériau que j’aime beaucoup travailler. Tout ce que nous pouvons faire avec le bois, les différentes essences et veinages me fascinent énormément donc quoi de mieux que d’aller au pays du bois : le Japon.
Réaliser mon stage ici m’a permis d’approfondir mes connaissances sur l'architecture japonaise et avoir une meilleure réflexion sur mes futurs projets. Cela me permettra de travailler d’une autre façon sur mes futurs projets.
Quelles sont les missions effectuées au cours de ton stage de 3e année ?
Lors de mon stage, j’ai travaillé sur un projet de boutique de vins français à Sapporo. Le client est le deuxième exportateur de vins français à Sapporo.
J’ai débuté mon stage en poursuivant la maquette du projet avec Yakuwa Momoka et deux jours après je suis allée à la rencontre des clients. On a échangé durant 4 heures pour voir les modifications à faire et prendre des côtes. À la suite de cela, j'ai été chargé de créer le design d'une des pièces où seront stockées les bouteilles. Et puis, petit à petit, on m’a demandé de réaliser la 3D de tout le projet ainsi que des plans d’élévations et de coupes.
Durant ce stage, j'ai travaillé sur Sketchup et D5 Render. On m'a également initié à Vector Works.
- Sketchup est un logiciel de modélisation 3D. Je l’ai utilisé pour modéliser toute la 3D du projet.
- D5 Render (un équivalent de Twinmotion) est un logiciel de visualisation 3D en temps réel. Je l’ai utilisé pour modifier les textures, mettre la lumière…
- Vector Works est un logiciel utilisé pour le dessin, la conception, la présentation et la modélisation de projets en 2D et en 3D (similaire à ArchiCAD). Je l’ai utilisé pour faire des plans et des coupes.




As-tu remarqué des différences ou spécificités au niveau de l’architecture intérieure dans ce pays par rapport à la France ?
Ils utilisent énormément le bois que ce soit en structure, en décoration et en mobilier. Il y a souvent aussi un espace “tatamis” pour toujours garder un côté traditionnel dans les maisons actuelles. J’ai aussi remarqué que les maisons avaient des fenêtres plutôt petites à Sapporo et pas forcément alignées. J’ai demandé pourquoi et on m’a répondu “ les fenêtres sont petites car il fait très froid en hiver, on évite donc d’avoir de trop grandes ouvertures pour limiter l’entrée de fraîcheur”.
Ils mettent aussi beaucoup en avant les matériaux utilisés : le bois, la pierre, la terre dans son état naturel. Pas besoin de couleurs, de papiers peints à motifs car le matériau fait tout le décor. Et pour finir, le jeu d’ombres et de lumières est très présent dans l’architecture japonaise et j’ai pu le remarquer lors de mon stage.
As-tu eu des normes / procédures DIFFÉRENTESà suivre au Japon EN CE QUI CONCERNE l'architecture intérieure ?
Même s’il y a des similitudes avec la France, il y a bien sûr des différences. Il y a notamment des techniques de construction parasismique qui sont très développées en raison de la forte activité sismique du pays. Ces techniques permettent de protéger les bâtiments et leurs occupants des effets des tremblements de terre, grâce au renforcement des structures, à l'isolation sismique et l'utilisation de matériaux absorbant les chocs.
Quelles sont les compétences que tu as acquises grâce à ce stage ?
Grâce à ce stage j’ai pu approfondir ma maîtrise de la langue et apprendre quelques mots de vocabulaire technique. Je dirais aussi que j’ai réussi à comprendre les attentes et les demandes malgré leur manière de concevoir qui est un peu différente de la nôtre.
J’ai aussi gagné en autonomie : je savais exactement ce que je devais faire et je n'avais pas besoin d’aide pour réaliser les tâches demandées. Et pour finir, j’ai pu acquérir des connaissances que je n’aurais jamais pu avoir en France.
Si tu devais retenir un projet ou un moment particulier de ce voyage, ce serait lequel ?
Beaucoup de moments m’ont marqué lors de ce voyage. J’ai adoré visiter le “Otaru Nishin Goten”. C’est une maison complètement traditionnelle, qui regorge d'histoires et architecturalement parlant, elle est très complexe.
J’ai aussi beaucoup aimé visiter le musée d’art Kazenobi où j’ai pu observer l’atelier et les œuvres du célèbre designer et sculpteur, Takenobu Igarashi. Ce moment m’a marqué car mon maître de stage lui a confectionné un atelier dans son agence. Me dire que j’ai pu travailler dans l’atelier de Mr.Igarashi m’a touchée.




As-tu un conseil à donner à un étudiant qui souhaiterait faire son stage à l’étranger ?
Je lui dirais de foncer ! Je ne suis vraiment pas de nature aventureuse et aller à l’autre bout du monde seule me faisait vraiment peur... J’ai beaucoup hésité à aller au Japon pour cette raison. Mais je me suis dit que je ne pouvais pas laisser passer une telle opportunité. Faire son stage à l’étranger peut vous ouvrir tellement de portes et je vous conseille de faire connaissance avec le plus de personnes possibles : faites-vous des contacts !
Lors de ce stage, j’ai rencontré un Américain qui étudie la modélisation 3D : il peut lui-même m’aider à trouver un stage en Amérique si je le souhaite. Faites des rencontres, créez votre réseau et faites connaître votre nom. Chaque pays a sa manière de construire et possède une culture architecturale différente, même si c’est le pays d’à côté, allez-y !
Pour finir, faire son stage à l’étranger va bien entendu vous apprendre plein de choses sur le pays mais aussi sur vous : vous allez gagner confiance en vous et en autonomie.